Ces derniers mois, des centaines de milliers de personnes ont fui les troubles au Burundi pour trouver refuge au Rwanda, en Tanzanie et en RDC. Notre collègue Agnès Bjorn travaille dans les camps de réfugiés de Tanzanie. Elle nous livre son témoignage bouleversant sur place.

"La crise des réfugiés fait la Une de l’actualité mondiale. En partie toutefois. Car la fuite massive des réfugiés burundais ne trouve que rarement sa place dans l’actualité.

Pourtant, je vois chaque jour des centaines d’hommes, femmes et enfants arriver à pied en Tanzanie. Ils sont plus de 2.500 chaque semaine à trouver refuge dans le pays. Dans les camps, on compte déjà plus de 100.000 réfugiés, parmi lesquels 60.000 enfants. Soixante mille. Quel avenir les attend?"

Protéger les enfants isolés

"La situation est critique. L’argent manque. Il n’y a pas assez d’eau et de sanitaires. Au cours des dernières semaines, Plan et d’autres ONG ont mis sur pied deux nouveaux camps de réfugiés à Nduta et Mtendeli, dans l’ouest de la Tanzanie. Partout, nous voyons des enfants arrivés seuls, désespérés. Ils ont perdu leurs parents en cours de route et ont besoin d’une protection immédiate."

"Leur venir en aide est une priorité absolue pour Plan. Nos équipes vont à la rencontre de ces enfants et s’assurent qu’ils sont encadrés et en sécurité. Nous recherchons leurs familles et leurs proches, et nous confions les enfants seuls à des familles d’accueil temporaires afin qu’ils soient bien nourris, soignés et protégés."

L’histoire de Jackson, 8 ans

"L’histoire et le parcours de ces enfants sont difficiles à entendre et occupent notre esprit jour et nuit. Comme celle de Jackson, un petit garçon de 8 ans, arrivé au camp il y a quelques jours, sans famille. Quand je le rencontre à son arrivée à Nduta, il est assoiffé et couvert de poussière. Nous l’emmenons immédiatement au centre d’accueil de Plan pour le nourrir et le soigner. Là, il lui faut plusieurs heures pour se reposer et s’ouvrir à nous."

"Quand il commence à raconter son histoire, il se met à trembler et n’arrive plus à sécher ses larmes. Entre deux sanglots, il nous confie que son père a été abattu devant ses yeux. Il a pris la fuite de nuit, avec sa mère, dont il a rapidement perdu la trace. Il n’avait plus que son cousin avec lui, et ils ont décidé de suivre un groupe en partance pour la Tanzanie. Mais dans la cohue, ils se sont également perdus de vue et Jackson s’est retrouvé seul, sans savoir s’il reverrait un jour sa mère."

"L’espoir est là"

"Ce petit garçon n’a qu’une idée en tête en arrivant ici: retourner au Burundi pour retrouver sa maman. Son regard est rempli de désespoir. Nous avons lancé les recherches avec les collègues de la Croix Rouge, et pendant ce temps, nous l’avons confié à une mère d’accueil. Rapidement, nous avons découvert qu’un de ses grands frères est dans un camp voisin. Nous organisons leurs retrouvailles et poursuivons la recherche de la maman de Jackson."

"Des cas comme celui de Jackson, les camps de réfugiés en sont pleins. Chacun d’entre eux a besoin de nous. Et si la situation est difficile, elle n’est pas désespérée. L’espoir est bien là. Je le vois chaque jour dans les yeux des enfants qui jouent dans les espaces d’accueil de Plan. Je l’entends chaque jour de leur bouche quand ils me disent vouloir reprendre l’école et se bâtir un meilleur avenir. Je le vois chaque jour quand nous parvenons à réunir un enfant et sa famille. Même s’il est parfois difficile à voir, l’espoir est là et bien là."

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