La crise du COVID-19 et le confinement pèse lourd sur le quotidien des jeunes du monde entier. Cette situation a un impact important sur la vie des filles : harcèlement sexuel, violence domestique, accès limité à la nourriture et aux soins de santé… L’expérience et les témoignages d’épidémies précédentes démontrent que les inégalités de genre se renforcent en temps de crise. Dans un rapport d’avril 2020 , Plan International donne la parole aux filles pour qu’elles racontent leur histoire. Découvrez-les dans ce blog exclusif.  

Famine

Suite au confinement ou d’autres mesures sanitaires, beaucoup de familles ont perdu leurs revenus. Concrètement, dans cette situation, il est compliqué d’avoir accès aux besoins de première nécessité, comme la nourriture. Dans certaines régions du monde, les règles sociales imposent aux filles et aux femmes de manger après le reste de la famille. Résultat : elles ne mangent qu’une petite quantité de nourriture. Quand il n’y a pas assez à manger, elles seront les premières à s’endormir le ventre vide.  

Au Bengladesh, les filles issues de la communauté Rohingya expliquent que leur préoccupation principale est liée à la nourriture. Les adolescentes qui sont seules et celles qui ne sont pas accompagnées d’une famille proche font face à des pénuries alimentaires graves. 

Au Libéria, Janet partage également sa crainte de ne pas suffisamment manger : « Ma plus grande crainte, c’est que les femmes souffrent du coronavirus. Nous risquons d’avoir faim et les hommes vont nous maltraiter. Si je n’ai pas mangé, je vais demander de l’aide aux garçons, qui eux mangent. En échange, ils vont me demander d’avoir des rapports sexuels. Si je ne dis pas oui, ils ne me donneront pas de nourriture.

Janet, 14 ans, Libéria (pandémie du coronavirus), 2020 

Pas d’Éducation : pas d’avenir 

Avec la crise actuelle, 191 pays ont fermé les portes des établissements scolaires. Aujourd’hui, environ 1,5 milliard d’enfants ne vont pas à l’école. La crise d’Ebola de 2014 avait également eu un impact sur la scolarité des élèves. Les écoles fermées durant une année ont laissé cinq millions d’enfants sans éducation au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée. 

À cause de l’épidémie Ebola, mon école a dû fermer. J’ai peur de cette maladie, je n’ose plus voir mes ami.e.s comme avant. Toute ma vie a changé à cause d’Ebola et ça me rend triste tous les jours.

Anonyme, âge inconnu, Libéria (epidémie d'Ebola), 2015

Durant les périodes de crises, les enseignant.e.s s’organisent pour donner cours à distance pour que les élèves puissent étudier à la maison. Cependant, cette adaptation reste difficile (voire impossible) pour les filles et les jeunes femmes. La raison principale : la charge ménagère qui a considérablement augmenté. En plus de prendre soin de leurs frères et sœurs, elles cuisinent, font le ménage, vont chercher de l’eau… Elles accumulent du retard et risquent donc de ne plus retourner à l’école après la crise. 

Je m’occupe de la plupart des tâches domestiques comme la cuisine, le ménage, la vaisselle… pour les garçons, ce n’est pas la même chose.

Anonyme, 13 ans, Nigéria (crise de l'eau au Tchad), 2018

 

Plus de violence basée sur le genre 

Les chiffres de la crise d’Ebola en Afrique de l’Est et en République Démocratique du Congo montrent que l’exploitation et les abus sexuels augmentent lors de crises sanitaires. Le nombre de grossesses a augmenté de 65% chez les jeunes filles des pays touchés en Afrique de l’Est. Plusieurs jeunes filles interviewées en Sierra Leone ont exprimé leurs préoccupations vis-à-vis de l’augmentation de la criminalité, du travail des enfants et de l’exploitation sexuelle lors de l’épidémie d’Ebola. 

Les filles tombent enceinte car elles ne vont pas l’école et qu’elles ont besoin d’argent. Il y a beaucoup de prostitution… Pour elles, la seule solution pour avoir de l’argent est d’avoir des rapports sexuels avec des hommes plus âgés. Alors seulement elles peuvent s’acheter de quoi manger. Nous, les filles, nous avons des rapports sexuels avec des hommes aussi âgés que nos pères parce que nous avons besoin d’argent et que les hommes ne donnent rien gratuitement.

Anonyme, âge inconnu, Sierra Leone, 2015

 

Accès limité  aux soins de santé 

À l’école, les jeunes reçoivent des cours d’éducation sexuelle, de l’information sur la contraception et apprennent à se protéger lors des rapports. Lorsque les écoles sont fermées, beaucoup de filles et de jeunes femmes risquent de tomber enceinte. 

L’organisation Marie Stopes (ONG) distribue des moyens contraceptifs dans les écoles. Maintenant qu’on ne peut plus y aller, on n’a plus accès à la contraception. Il y aura donc plus de grossesses.

Anonyme, âge inconnu, Sierra Leone, 2015

Les expériences et les témoignages des filles sont très importants pour reconnaître les inégalités existentes et omniprésentes. Nous devons également veiller à ce que les droits des filles soient protégés pendant les crises. 
La voix des jeunes du monde entier doit être entendue. Leurs expériences doivent guider nos décisions et interventions durant cette crise car ils.elles sont des citoyen.ne.s à part entière de la société. 
 

Lisez le rapport complet de Plan International en anglais “Girls Living Under Lockdown"
Découvrez notre blog en lien avec la crise : 5 raisons pour lesquelles les filles et les femmes sont plus vulnérables face au COVID-19 

les enfants et jeunes belges s’expriment aussi 

À Bruxelles comme en Fédération Wallonie-Bruxelles, beaucoup d’organisations écoutent les témoignages des jeunes durant le confinement. 

Du côté francophone, le Parlement Francophone Bruxellois et le Délégué Général aux Droits de l’Enfant organisent ensemble avec différents partenaires un projet qui se déroule du 4 mai au 5 juin 2020 et qui vise à rassembler les témoignages créatifs des jeunes de moins de 18 ans. Dessins, vidéos, photos, poèmes et autres formes d’expressions sont ensuite partagés sur le site web  www.parlonsjeunes.be.

Du côté flamand, le Kinderrechtencommisariaat, la Kinderrechtencoalitie et le Kenniscentrum Kinderrechten organisent  une enquête en ligne pour les 8-17 ans. L’objectif : connaître leur expérience et leurs besoins en ces temps de crise. Le sondage a lieu du 11 au 17 mai 2020. 

 

Pour en savoir plus sur les activités mondiales de Plan International pour protéger les enfants de l’impact de COVID 19, lisez ici.

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