928 millions de personnes dans le monde manquent de nourriture et 70% d'entre elles sont des filles et des femmes. Au Mali, en Éthiopie, mais aussi à Haïti ou au Laos, la crise alimentaire atteint des proportions sans précédent. Et cette situation intensifie les inégalités de genre. L'ONG Plan International, qui défend les droits des enfants et des filles, tire la sonnette d'alarme devant une crise humanitaire qui s’amplifie.
La guerre en Ukraine, le changement climatique et la pandémie provoquent une escalade sans précédent de l'insécurité alimentaire. Ce sont les filles et les femmes qui souffrent le plus de cette crise alimentaire, constate Plan International à travers les projets menés dans le monde entier. L'attention portée à cette situation n'est pas suffisante, Plan International Belgique a décidé de lancer une campagne de récolte de fonds.
LA PÉNURIE ALIMENTAIRE CONDUIT À LA VIOLENCE ENVERS LES FILLES
Avec la flambée des prix des denrées alimentaires dans le monde, les familles ont de plus en plus de mal à se nourrir. Non seulement les filles ont peu à manger car elles mangent souvent en dernier, par exemple pour nourrir d’abord leur enfant, mais elles font aussi face à d’autres inégalités. De nombreuses filles sont retirées de l'école pour travailler afin de subvenir aux besoins de la famille. Elema (18 ans), originaire d'Éthiopie, témoigne : "Après avoir perdu notre bétail à cause de la sécheresse, j'ai dû quitter l'école pour aider ma mère a ramasser et vendre du bois de chauffage."

Les filles sont également plus exposées au risque de mariage d'enfants, de grossesse précoce ou d'exploitation sexuelle en raison de la crise alimentaire. Rebeca (18 ans), originaire du Sud-Soudan, a dû se marier il y a deux ans : "Les filles sont une source de revenus pour leur famille. […] Ma famille a reçu 60 vaches en échange de mon mariage." Selon Plan International, pour les familles en proie à la famine, il s'agit d'un choix douloureux mais nécessaire - un choix qui ne devrait pourtant jamais être nécessaire.
L’UKRAINE, LE GRENIER DU MONDE BRÛLE
Les causes de cette crise alimentaire sont multiples et complexes. Le changement climatique, par exemple, provoque des tempêtes et des sécheresses qui détruisent les récoltes dans le monde entier. Mais la guerre en Ukraine a aussi des conséquences évidentes.
"La récolte ukrainienne nourrit normalement 400 millions de personnes", déclare le Dr Unni Krishnan, directeur de l'action humanitaire chez Plan International. "Chaque jour où le conflit se poursuit, ses effets dévastateurs se font de plus en plus sentir. La hausse rapide des prix des denrées alimentaires ne fait qu'aggraver une situation déjà mauvaise dans certains pays."
Selon les Nations Unies, 928 millions de personnes manquent de nourriture aujourd'hui, soit une augmentation de 148 millions par rapport à l'année dernière. Quelque 44 millions d'entre eux risquent de mourir de faim.
UN MEMBRE DU CONSORTIUM 12-12 ÉTEND SON AIDE HUMANITAIRE
Après un appel aux dons historique pour soutenir l’Ukraine avec le Consortium 12-12, Plan International Belgique attire maintenant l'attention sur la crise alimentaire mondiale et le besoin de soutenir les pays qui en souffrent. "Nous restons très actifs en Ukraine, mais nous constatons que les conséquences mondiales de ce conflit restent sous-estimées", déclare Isabelle Verhaegen. "Nous intensifions donc notre aide humanitaire et pour cela, nous avons besoin de plus de fonds".

Plan International travaille dans 17 des zones les plus touchées par la crise alimentaire avec des programmes visant à fournir, entre autres, des repas scolaires et d'autres colis alimentaires. Dans les endroits touchés par la sécheresse, l'ONG distribue aussi des semences ou du bétail, comme des vaches ou des moutons.
"En répondant aux besoins fondamentaux des familles, nous pouvons éviter des conséquences terribles sur la santé, l'éducation et l'épanouissement personnel des filles.", déclare Isabelle Verhaegen.