Ce mardi 6 juin le Parlement appelle officiellement le gouvernement belge à investir davantage dans l’éducation des filles dans les pays partenaires de la Belgique. La résolution adoptée ce jour est le fruit d’un plaidoyer de plusieurs années couronné par l’intervention d’Adeline, jeune activiste béninoise de 17 ans, au Parlement en octobre 2016.

Pour l’équipe de Plan Belgique, qui mène campagne sur cette question depuis 2010, l’appel des parlementaires vient à point nommé. En effet les investissements de la Belgique dans l’éducation, ne sont pas encore à la hauteur de ses engagements et le gouvernement n’investit directement dans le secteur de l’éducation que dans 4 de ses 14 pays partenaires.

La coopération belge a alloué 81,4 million d’euros au secteur de l’éducation en 2016. Si ce montant est supérieur à celui de 2015, il reste bien en-deçà des montants alloués de 2010 à 2014”, observe Romeo Matsas, chargé de plaidoyer de Plan Belgique. “La résolution votée aujourd’hui appelle donc le gouvernement à faire mieux.”

Au-delà des chiffres, le Parlement fédéral demande surtout qu’une attention spécifique soit accordée à l’éducation des filles dès le plus jeune âge. Pour Plan Belgique, un tel appel est fondamental car les discriminations filles-garçons restent très marquées dans l’accès à l’école.

“Tous les enfants du monde, filles ou garçons, doivent débuter leur scolarité dès l’enseignement maternel, et pouvoir au minimum bénéficier d’une éducation jusqu’à la fin de l’école secondaire, tel que nous y engagent les Objectifs de Développement Durable”, explique Romeo Matsas. « Malheureusement, on constate encore de grosses disparités à ce niveau, et les filles doivent abandonner bien plus massivement l’école que les garçons. Résultat : les deux tiers des analphabètes dans le monde aujourd’hui sont des femmes.” 

Une réponse à l’appel d’Adeline, jeune activiste Béninoise

Comme nous le disait si justement Adeline N’Ouemou, 17 ans, activiste béninoise pour les droits des filles, en octobre 2016:

La déscolarisation des filles fait encore des ravages au Bénin. A cause de la pauvreté, les parents continuent à privilégier la scolarisation des garçons.” Après avoir cité de nombreuses conséquences néfastes de la déscolarisation, comme les grossesses et mariages précoces, elle conclut: “Je l'ai vu de mes propres yeux. Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Monsieur le Ministre, c'est par l'éducation que les filles changeront cette situation”.

Le discours d’Adeline pour l’éducation des filles

Dans son discours, Adeline donne toutes les raisons pour lesquelles l'adoption de cette résolution n'est pas seulement une nouvelle encourageante, mais une étape essentielle vers une vie épanouie pour les filles du monde entier!

"L’éducation est un moteur d’ascension sociale"

Pour la députée Gwenaëlle Grovonius (PS), co-auteure de la résolution, le vote de ce mardi est un appel clair à mettre l’éducation des filles au cœur de l’agenda politique. Il est temps que la Belgique prenne ses responsabilités”, dit-elle.

L’éducation est un moteur d’ascension sociale et un vecteur d’égalité entre les filles et les garçons. Sans éducation, pas d’enseignement de qualité, de main d’œuvre qualifiée, de travailleurs conscients de leurs droits ou de protection sociale organisée. En bref, pas de développement, ni d’égalité.”

Un constat partagé sur les bancs de la majorité, par la voix de Benoît Piedboeuf (MR), également co-auteur du texte.

L’impact massif et durable de l’éducation des filles n’est plus à démontrer. Accompagner les jeunes filles et les femmes dans leur éducation, se battre pour leurs droits, leur santé et leur accès à la scolarité, c'est ouvrir les portes d'une société plus juste, plus apte à relever ses défis et capable d'assurer son autonomie”.

Adoptée ce mardi à l’unanimité au sein de la Commission Relations Extérieures, la résolution dispose d’un poids politique réel en dépit de son caractère non-contraignant. 

"Cette résolution est un signal fort qui doit permettre à la Belgique de répondre à ses engagements internationaux, en particulier les Objectifs de Développement Durable consacrés à l’éducation et à l’égalité des sexes”, conclut Romeo Matsas. "Nous sommes donc impatients de voir les suites qui lui seront données.”

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