Le festival Esperanzah! n’a pas attendu la campagne #SAFEstival de Plan International pour agir contre le harcèlement sexuel. Bien avant l’été, les organisateurs et des bénévoles ont planché sur des solutions pour y mettre fin. Résultat: le plan SACHA. Interview avec sa coordinatrice, Clémentine Squevin.

Le harcèlement sexuel n’épargne aucun festival

Petit ou grand, électro ou reggae, le harcèlement sexuel est présent partout, comme le révèle notre sondage. Conscients de cette réalité, les organisateurs du festival Esperanzah! ont travaillé avec une équipe de bénévoles pour y apporter des solutions dès cette édition 2018. Clémentine Squevin, une bénévole hyper motivée à la tête de l'équipe bénévole du plan SACHA, nous parle de l'initiative.

Comment le plan SACHA est-il né?

Clémentine Squevin: Les organisateurs étaient conscients du problème. Par le passé, il y avait eu quelques plaintes liées au harcèlement, mais ces cas étaient gérés comme n’importe quel autre incident lié à la sécurité des festivaliers et ne bénéficiaient pas d’un suivi spécifique. Il y avait eu des ateliers de réaction au harcèlement lors des précédentes éditions, mais on s’est rendu compte qu’à cause du manque de procédure spécifique, la majorité des cas de harcèlement ne pouvaient pas nous revenir.

L’attention croissante portée à cette question ces derniers mois – avec le mouvement #Metoo par exemple – a clairement été un accélérateur. Avec des bénévoles qui gravitaient autour de Esperanzah!, on a donc décidé de travailler sur cette question pour proposer des solutions concrètes. En quelques semaines, le plan SACHA était sur pied.

 

Que propose ce plan?

Clémentine Squevin: SACHA signifie ‘Safe Attitude Contre le Harcèlement et les Agressions’ en festival. Le plan s’attaque à la question du harcèlement par la voie de quatre volets spécifiques: la sensibilisation, la prévention, la formation et la prise en charge des victimes.

Concrètement, sur 3 stands disposés sur le festival, nous allons mettre à disposition du public toute une gamme d’outils pour prévenir le harcèlement et réagir au besoin. Cela ira d’un jeu permettant de différencier la drague du harcèlement à un véritable kit d’auto-défense verbale, par exemple. Près de 3.000 kits de ce type ont été prévus.

Nous allons aussi proposer des formations de 15 minutes permettant à toute personne se présentant aux stands de devenir un ‘Sacha’, une personne vers qui se tourner en cas d’abus. Sur le principe du 'Bob', ces personnes recevront un badge permettant de les identifier.

Nous allons également former une partie des 1.500 bénévoles du festival et, bien entendu le staff de sécurité.

Clémentine Squevin, coordinatrice du plan SACHA au festival Esperanzah!

Quid de la prise en charge des cas ?

Clémentine Squevin: Nous avons développé un numéro d’appel d’urgence que toute personne pourra composer et qui la reliera à des personnes spécialement formées à agir. Le numéro de téléphone sera indiqué sur un bracelet que nous allons distribuer et sera visible sur tout le festival. Ces personnes pourront être prises en charge dans une ‘safe zone’ privée spécialement dédiée à cet effet, avec notamment une professionnelle de la santé.

Outre ce lieu pour les potentielles victimes, nous avons aussi prévu 3 ‘safe zones’ publiques où tout le monde peut venir trouver des conseils et un lieu calme. La nuit, la Croix-Rouge sera là en cas de problème et sera également formée à cette question.

A ce stade, vous semblez être bien seuls à agir à ce point sur cette thématique. Pourquoi ?

Clémentine Squevin: Esperanzah! est un festival très investi sur les questions de société, notamment sur les questions d’égalité. Certains festivals travaillent aussi de leur côté, mais l'actualité sur la question pousse clairement les autres à se bouger, même s’ils ont la tête dans le guidon avec leurs préparatifs musicaux. C’est une bonne chose.

SACHA est un projet pilote, qui va nous permettre de nous améliorer en continu sur cette question. Mais on serait heureux qu’il fasse tache d’huile dans d’autres festivals. Et on serait aussi heureux d’apprendre ce qui se fait ailleurs. Ces échanges sont toujours enrichissants. Et utiles !

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