Ces deux dernières années, les conséquences de la pandémie COVID-19 ont été désastreuses pour l’enseignement, tant pour les enfants en Belgique que pour ceux et celles dans les pays à faible revenu, en particulier les filles. Beaucoup d'entre elles ne sont pas retournées à l'école, trop souvent parce qu'elles ont été contraintes de se marier ou sont tombées enceintes. Chaque jour, nous nous efforçons de limiter cet impact. Chez Plan International, nous voulons aussi réfléchir davantage à l'avenir.
Dans cette crise, nous devons aussi saisir l’opportunité de créer une meilleure école. Comme nous aimons le dire au niveau international : “Build back better!”. Plan International opte avec détermination pour une approche participative, inclusive et transformatrice de genre. Cela signifie que nous écoutons et impliquons les enfants, les adolescent.e.s, les filles et les jeunes femmes : ils.elles sont au centre de nos actions car ils.elles connaissent leurs besoins et leurs communautés mieux que personne. C’est pourquoi nous laissons la parole à quatre jeunes femmes fortes. Elles nous racontent comment elles ont vécu la crise sanitaire et portent un message d’espoir. Découvrez leur vision du monde après la COVID-19 (+lien vers le 2e blog). Vous le remarquerez certainement : malgré des contextes différents, ces jeunes femmes ont beaucoup en commun. Pas seulement entre elles mais aussi avec chacun.e d’entre nous.

Faites connaissance avec Stecia, 16 ans, qui vit en Ouganda
En Ouganda, nous avons été confinés pendant deux ans à cause de la COVID-19. Les écoles ont fermé et les enfants ont eu beaucoup de problèmes. Il s’est passé beaucoup de choses pendant ce lockdown. Comme les écoles étaient fermées, beaucoup ont été contraints de travailler. Les filles tombaient enceintes, devenaient de jeunes mamans ou étaient forcées de se marier.
Malgré tout, beaucoup d’entre nous ont pu continuer de suivre les cours. Le gouvernement a proposé une nouvelle manière d’apprendre en ligne. Cependant, beaucoup de familles n’avaient pas le matériel, Internet ou l’argent pour payer la connexion.
Je me sentais mal et nerveuse, comme si je ratais alors que je suis une bonne élève. J'ai vu des amies à moi tomber enceinte ou être mariées de force. Je voulais et je veux que ça s'arrête ! C'est pourquoi je partage ce message et je m’exprime dans ma communauté : je me défends mais je veille aussi sur les filles autour de moi. Je le fais car que je crois que nous pouvons arrêter cette situation et faire la différence ensemble.
Quand je pense au monde après la COVID-19, j'imagine que c'est un monde où tous les enfants ont accès à une éducation de qualité, un monde où les filles sont libres de faire leurs propres choix et où elles sont protégées et non maltraitées.

Faites connaissances avec Quyen, 13 ans, qui vit au Vietnam
Je rêve que toutes les filles puissent aller à l'école et j'espère que cette pandémie se terminera très bientôt. J’aimerais que nous puissions reprendre nos vies.
Ces deux dernières années, je n’ai pas pu aller à l'école comme d'habitude. Au Vietnam, le confinement complet a duré trois mois. Je ne pouvais pas aller à l'école ou suivre les cours en ligne. À cause de la pandémie, je n’ai pas pu aller à l'école et ma famille n’a pas eu accès à de la nourriture ou de l'eau en quantité suffisante. J'avais tout le temps peur.
Malgré ces difficultés, la crise m'a aussi donné de l'espoir car nous nous sommes rapprochés dans les moments difficiles. J'ai vraiment compris que l’éducation apporte un réel changement car nous sommes solidaires et cherchons des solutions ensemble grâce à notre apprentissage. Peu importe notre milieu ou notre origine. Nous, les filles, nous sommes souvent les premières victimes en temps de crise. C’est d’abord à nous qu’on refuse l’accès à l’école ou des soins de qualité alors que la solution de notre bien-être est là.
J'espère que les dirigeant.e.s et le monde entier soutiennent les filles en ces temps difficiles. Mon souhait est d'être prochainement vaccinée et j'espère que toutes les filles auront accès à des soins médicaux modernes en cas de besoin. La clé du futur, c’est l'égalité pour tous et toutes.

Faites connaissance avec Evelin, 17 ans, qui vit en Bolivie
Moi, je rêve de devenir enseignante ou de travailler dans la police. J'espère donc retourner bientôt à l’école pour les cours d’éducation physique. Pour chacun.e d’entre nous, je rêve d'un monde égal pour les hommes et les femmes et sans violences faites aux femmes.
L'année passée a été une année difficile pour moi. J'ai perdu ma mère à cause de la COVID-19. Heureusement, mon père et mon frère sont toujours là. Avec eux, j'ai traversé cette période compliquée. Mais en tant que seule fille de notre famille, je sais mieux que personne à quel point il est difficile de grandir sans les conseils et le soutien d'une femme ou d'autres filles. Lorsque les écoles ont fermé, je me suis sentie seule. L'année dernière, nous n'avons pu suivre des cours en ligne que deux jours par semaine. Comme beaucoup d’enfants n'avaient pas accès à Internet, les cours ont pris énormément de retard dès le début. À la rentrée, nous avions des cours cinq fois par semaine mais toujours en ligne. J'espère que nous pourrons retourner en classe dans quelques semaines.
Quand ma mère est morte, je n'avais plus envie d'aller à l'école. J'ai pensé : “À quoi bon ?”. Beaucoup de filles autour de moi ont également abandonné l'école et sont allées travailler. Si tu es une fille ou une jeune femme sans éducation, les opportunités ici sont limitées. En plus, les femmes sont souvent victimes d'abus ou de violence. Grâce au soutien de ma famille, je n'ai pas baissé les bras et j'ai continué à étudier ! Je leur suis très reconnaissante !
Je fais des projets, je crois en un avenir meilleur et je veux défendre les droits des filles. Les filles ont besoin de conseils et d'un environnement sûr pour grandir et croire en elles-mêmes. Je veux contribuer à ce changement !
La pandémie COVID-19 nous donne l'occasion de réfléchir et de voir comment mieux travailler ensemble. Laisser les filles aller à l'école et les protéger est la responsabilité de tous et toutes. Je rêve d'un monde égalitaire pour les hommes et les femmes sans violence à l'égard des femmes.

Faites connaissance avec Lamya, 16 ans, qui vit en Belgique
Lorsque le gouvernement belge a annoncé le confinement, j'ai suivi les cours à distance pendant une demi-année scolaire. C'était difficile pour moi. Je parlais beaucoup moins à mes professeurs et, au bout d'un moment, je ne participais plus correctement aux cours en ligne. Personne, même pas l’enseignant, ne mettait sa caméra. J’étais face à un écran noir et on parlait via la fonction du chat. J’étais derrière mon ordinateur ou mon téléphone portable, sans personne avec moi. Je me sentais vraiment très seule parfois. Mes amis me manquaient.
Je peux retourner à l'école maintenant mais ce n’est pas comme avant. Les bancs de la classe sont éloignés les uns des autres. Tout le monde porte une veste pendant les cours pour ne pas avoir froid car les fenêtres restent ouvertes. En classe et dans les couloirs, nous devons porter un masque. On ne mange plus au réfectoire mais dehors, dans la cour de récréation. Je n'aime pas ça. Il y a une ambiance désagréable à l'école. Avec l’apprentissage à distance, il y avait moins de contacts sociaux mais d'une manière ou d'une autre, même à l’école, nous ne sommes toujours pas vraiment ensemble.
Les professeurs font moins attention à nous, les élèves. J’ai l’impression qu’ils.elles oublient que les jeunes ont aussi du mal pendant la pandémie. Avant, les enseignant.e.s nous écoutaient plus. Maintenant, tout ce qui compte c’est leurs cours, les mesures sanitaires et qui est absent.e à cause d’une contamination ou de la quarantaine obligatoire.
J'espère que l'école tirera les leçons de la pandémie. Je veux que les professeurs nous parlent plus. Il ne devrait pas toujours s'agir du cours et de ce qu’on apprend. Demandez comment nous nous sentons. Pourquoi ça ne va pas ? Cela aurait un effet positif sur notre bien-être car le professeur nous écoute et nous entend vraiment. Je veux qu'on soit à nouveau ensemble comme avant.